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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 105, December 2007

 

 

Interview de Mgr Agostino Marchetto

À « Famille Chrétienne*»

(France) 

 

Quelle est la vision du Saint-Siège en matière d’immigration ?

Il existe un droit des personnes à ne pas émigrer. Il convient ainsi de créer des situations, dans les pays en développement, qui permettent un développement intégral des personnes. Mais il y a aussi un droit, dans certaines conditions, à émigrer. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’un Etat n’a pas le droit d’établir des règles.

En France, particulièrement, ces règles deviennent plus fermes avec un test préalable à l’immigration sur la langue française, l’identité nationale et les valeurs de la République…

La question de l’intégration est fondamentale. Là-dessus, il y a des idées et des pratiques différentes selon les pays, mais il est en effet important que les immigrés connaissent la langue et l’identité d’un pays. Nous pensons même que les immigrés ne doivent pas avoir seulement une sympathie avec le pays d’accueil, mais ils doivent être prêts à le défendre. Mais ‘intégration’ ne signifie pas ‘assimilation’, ce qui est plutôt la tendance en France. Il faut trouver un moyen de faire valoir l’identité nationale légitime et de respecter en même temps les différences, elles aussi légitimes.

Le nouveau chef de l’Etat entend choisir les immigrés en testant leurs aptitudes, mais aussi en favorisant l’immigration professionnelle plutôt que le regroupement familial. Quelle est votre réaction ?

C’est le point le plus contestable et qui nous créé des difficultés compte tenu de notre conception de la famille et de l’effort qu’il faut faire pour réunir les familles. Il appartient à l’Etat de savoir s’il s’agit réellement de regroupement familial, mais il ne faut entraver systématiquement la réunion des familles. Quant à favoriser l’immigration professionnelle et des compétences, cela va contre le simple droit à l’émigration. Cette discrimination pose problème. En choisissant seulement certains candidats, en pratiquant ce type d’exclusion, on ne tient pas compte du bien commun universel. Bien sûr, on doit regarder le bien de la France, mais il faut savoir s’ouvrir à l’universalité des besoins et à la réalité de ceux qui cherchent quelque chose de juste, même s’ils ne sont pas qualifiés. Il reste cependant à savoir ce que font ou non les pays d’origine pour ces candidats à l’émigration. Ces pays doivent s’investir dans leur formation.

Autre élément du projet de loi, favoriser le co-développement. Cela semble aller dans le bon sens pour l’Eglise…

Oui, il faut trouver des solutions sur place. Les gens ont le droit de rester chez eux et de trouver leur propre développement dans leur pays sans avoir à émigrer. Pour cela il faut travailler au niveau mondial, au niveau du commerce international, de la mondialisation, de la dette extérieure et de l’aide aux pays en développement.

Dans les pays d’émigration, l’Eglise dissuade-t-elle les candidats au départ ?

Nous recommandons aux Eglises locales d’éclairer et de former les candidats à l’émigration, de les informer sur ce qu’ils trouveront s’ils partent, sans créer de mythes ou de rêve d’eldorado. Par ailleurs, l’Eglise fait énormément pour le développement local.

Encouragez-vous aussi le développement de structures d’accueil pour les clandestins de retour dans leur pays ?

L’Eglise fait beaucoup, actuellement, pour trouver une solution au trafic des êtres humains. Concernant les prostitués, par exemple, en Italie, plus de 200 religieuses aident les femmes à se libérer de cette situation. Nous les accueillons ici, mais nous cherchons à les renvoyer, volontairement, dans leur propre pays, faisant en sorte qu’elles ne retombent pas dans la même situation. Et on aide aussi dans la construction de structures d'accueil et de formation des personnes  qui revient au Pays. 

Propos recueillis à Rome par Antoine-Marie Izoard.


 

* Samedi 22 septembre 2007.

 

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