PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
Lundi 8 septembre 2014
(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 38 du 18 septembre 2014)
Petite et sainte
Dieu est « le Seigneur de l’histoire » et également de la « patience ». Il « marche avec nous » : c’est pourquoi le chrétien est appelé à ne pas avoir peur des grandes choses et à prêter attention également aux petites choses. Telle est l’exhortation que, citant saint Thomas d’Aquin, le Pape François a adressée aux fidèles. Le Pape a tout d’abord observé que « quand nous lisons dans la Genèse le récit de la création », nous risquons « de penser que Dieu a été un magicien », muni d’une « baguette magique » en mesure de faire toutes les choses. Mais « il n’en a pas été ainsi ». En effet, « Dieu a fait les choses — chacune — et il les a laissées aller avec leurs lois internes, intérieures, qu’il a données à chacune, pour qu’elles se développent, pour qu’elles arrivent à leur plénitude ». Donc, « le Seigneur a donné l’autonomie aux choses de l’univers », mais « pas l’indépendance ». Et ainsi « la création est allée de l’avant pendant des siècles, des siècles et des siècles, jusqu’à ce qu’elle arrive au point où elle est aujourd’hui ». Précisément « parce que Dieu n’est pas un magicien, il est le créateur ». En ce qui concerne l’homme, en revanche, le discours change. « Quand au sixième jour de ce récit arrive la création de l’homme », a expliqué l’évêque de Rome, Dieu « donne une autre autonomie, un peu différente, mais pas indépendante : une autonomie qui est la liberté ». Et « il dit à l’homme d’aller de l’avant dans l’histoire : il en fait le responsable de la création, aussi pour qu’il domine la création, pour qu’il la fasse croître et arrive ainsi à la plénitude des temps ». La « plénitude des temps » est « ce qu’il avait dans son cœur : l’arrivée de son Fils ». À ce propos, le Pape a fait référence au passage de la Lettre de saint Paul aux Romains (8, 28-30) proposé par la liturgie. « Dieu — a-t-il expliqué en citant les paroles de l’apôtre — nous a tous prédestinés à être conformes à l’image de son Fils. Tel est le chemin de l’humanité, tel est le chemin de l’homme: Dieu voulait que nous soyons comme son Fils et que son Fils soit comme nous ». « L’histoire est allée de l’avant ainsi », comme on le déduit du passage de l’Évangile de Matthieu (1, 1-16.18-23) qui présente la généalogie de Jésus. « Cette liste à travers l’histoire présente les problèmes, les guerres, les inimitiés, les péchés, mais aussi l’espérance. Les hommes n’accomplissent pas leur chemin seuls : Dieu marche avec eux. Car Dieu a choisi une option : il a choisi l’option du temps, non du moment ». Il est « le Dieu du temps, il est le Dieu de l’histoire, il est le Dieu qui marche avec ses enfants » jusqu’à la « plénitude des temps », c’est-à-dire quand son Fils se fait homme. Voilà alors que ce récit un peu répétitif « possède cette richesse à l’intérieur : Dieu marche avec les justes et les pécheurs ». Et si le chrétien se reconnaît pécheur, il sait que Dieu marche aussi avec lui, « avec tous, pour arriver à la rencontre définitive de l'homme avec lui ». Du reste, « l’Évangile, qui fait cette histoire depuis des siècles, finit dans une petite chose, dans un petit village, avec cette histoire de Joseph et de Marie : elle se retrouva enceinte par l’opération du Saint-Esprit ». Donc « le Dieu de la grande histoire est également dans la petite histoire, là, parce qu’il veut marcher avec chacun ». Dans la Summa theologiae saint Thomas « a une phrase très belle qui arrive à propos. Il dit ce qui suit : “Ne pas avoir peur des grandes choses, mais tenir aussi compte des petites, cela est divin” ». Car Dieu « se trouve dans les grandes choses, mais aussi dans les petites choses, dans nos petites choses ». En outre, « le Seigneur qui marche avec Dieu est aussi le Seigneur de la patience » : la patience « qu’il a eue avec toutes ces générations, avec toutes ces personnes qui ont vécu leur histoire de grâce et de péché ». Dieu « est patient, Dieu marche avec nous, car il veut que nous arrivions tous à être conformes à l’image de son Fils ». Et « depuis qu’il nous a donné la liberté dans la création — pas l’indépendance — jusqu’à aujourd’hui il continue de marcher ». François a ensuite tourné sa pensée vers Marie, le jour de la fête de sa nativité. « Aujourd’hui nous sommes dans l’antichambre de cette histoire : la naissance de la Vierge », « nous pouvons regarder la Vierge, petite, sainte, sans péché, pure, choisie pour devenir la mère de Dieu, et aussi regarder cette histoire qui est derrière, longue de tant de siècles ».
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