MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE
« LA PAIX ENTRE LES PEUPLES. 60 ANS APRÈS PACEM IN TERRIS"
[Université pontificale du Latran, 11 mai 2023]
Jamais la guerre n'a soulagé la vie des êtres humains, jamais elle n'a su guider leur chemin dans l'histoire, ni elle n'a réussi à résoudre les conflits et les oppositions qui sont apparus dans leur action. Les effets de la guerre sont les victimes, les destructions, la perte d’humanité, l’intolérance, jusqu’à la négation de la possibilité de regarder l’avenir avec une confiance renouvelée.
En revanche, la paix, en tant qu'objectif concret, reste dans l'âme et dans les aspirations de toute la famille humaine, de tout peuple et de toute personne. C'est l'enseignement que nous pouvons encore tirer aujourd’hui du message que saint Jean XXIII a voulu lancer au monde avec l'encyclique Pacem in Terris. Un message positif et constructif qui rappelle qu’édifier la paix signifie, avant tout, l'engagement à structurer une politique inspirée de valeurs authentiquement humaines que l'encyclique résume dans la vérité, dans la justice, dans l'amour et dans la liberté.
Pourtant, soixante ans plus tard, l'humanité ne semble pas avoir tiré les leçons de la nécessité de la paix, de la qualité de celle-ci. Un coup d’œil à notre quotidien montre en effet que l’égoïsme de quelques-uns et les intérêts toujours plus limités de certains laissent penser qu’ils peuvent trouver dans les armes la solution à tant de problèmes ou à de nouveaux besoins, tout comme à ces conflits qui émergent dans la réalité de la vie des pays.
Si les règles des relations internationales ont limité l'usage de la force et le dépassement du sous-développement qui est l'un des objectifs de l'action internationale, le désir de puissance est encore, malheureusement, critère de jugement et élément d'activité dans les relations entre les Etats. Et cela se manifeste dans les différentes régions avec des effets dévastateurs sur les personnes et leurs proches, sans épargner les infrastructures et l'environnement naturel.
En ce moment, l'augmentation des ressources économiques pour les armements est redevenue un instrument des relations entre les Etats, montrant que la paix n'est possible et réalisable que si elle est fondée sur un équilibre de leur possession. Tout cela engendre la peur et la terreur et risque de bouleverser la sécurité car cela masque «un fait imprévisible et incontrôlable qui peut déclencher l'étincelle qui met en marche l'appareil de guerre» (Pacem in Terris, n. 60).
Il est nécessaire de réformer en profondeur les structures multilatérales que les Etats ont mises en place pour gérer la sécurité et garantir la paix, mais qui sont désormais privées de liberté et de possibilité d'action. Il ne suffit pas qu'elles proclament la paix si elles ne sont pas dotées de la capacité autonome de promouvoir et de mettre en œuvre des actions concrètes, car elles risquent de ne pas être au service du bien commun, mais seulement des instruments partiaux.
Comme l'explique bien l'encyclique, il appartient aux Etats, appelés par leur nature au service de leurs communautés respectives, d'opérer selon la méthode de la liberté et de répondre aux exigences de la justice, en sachant toutefois que «le problème de l'adaptation de la réalité sociale aux exigences objectives de la justice est un problème qui n'admet jamais une solution définitive» (Pacem in Terris, n. 81).
Ces brèves annotations veulent contribuer à l'objectif d'approfondissement de l'encyclique que l'université pontificale du Latran et le dicastère pour le développement humain intégral ont promu.
Je confie à l'université la tâche d'approfondir la méthode d'éducation à la paix, par une formation non seulement adéquate, mais continue. Une véritable formation scientifique est en effet le fruit d'études et de recherches, d'approfondissements, de mises à jour et d'exercices pratiques: telle doit être la voie à suivre pour ouvrir de nouveaux horizons et dépasser des formes didactiques et organisationnelles désormais dépassées et non plus adaptées à notre époque.
Je suis certain que le cycle d'études en Sciences des Paix que j'ai mis en place au Latran, contribuera à former les jeunes générations à ces objectifs, pour favoriser cette culture de la rencontre qui est la base d'une communauté humaine modelée selon la fraternité, qui est ensuite la norme de l'action pour édifier la paix.
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