VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
EN IRAK
[5-8 MARS 2021]
PRIERE POUR LES VICTIMES DE LA GUERRE
Place Hosh al-Bieaa (place de l'Eglise) à Mossoul
Dimanche 7 mars 2021
SALUT DU SAINT-PERE AVANT LA PRIERE
Chers frères et sœurs,
Chers amis !
Je remercie l’Archevêque Najeeb Michaeel pour ses paroles de bienvenue et je suis particulièrement reconnaissant au Père Raid Kallo et à Monsieur Gutayba Aagha pour leurs touchants témoignages.
Merci beaucoup, Père Raid. Vous nous avez parlé du déplacement forcé de nombreuses familles chrétiennes de leurs maisons. La diminution tragique des disciples du Christ, ici et dans tout le Moyen-Orient, est un dommage incalculable non seulement pour les personnes et les communautés intéressées, mais pour la société elle-même qu’ils laissent derrière eux. En effet, un tissu culturel et religieux aussi riche de diversité est affaibli par la perte de n’importe lequel de ses membres, aussi petit soit-il. Comme dans un de vos tapis artistiques, un petit fil arraché peut endommager l’ensemble. Mon Père, vous avez parlé de l’expérience fraternelle que vous vivez avec les musulmans, après être revenu à Mossoul. Vous avez trouvé accueil, respect, collaboration. Merci, mon Père, pour avoir partagé ces signes que l’Esprit fait fleurir dans le désert, et pour nous avoir montré qu’il est possible d’espérer la réconciliation et une nouvelle vie.
Monsieur Aagha, vous nous avez rappelé que la véritable identité de cette ville est celle de la coexistence harmonieuse entre des personnes d’origines et de cultures différentes. C’est pourquoi j’apprécie grandement votre invitation à la communauté chrétienne à revenir à Mossoul, et à assumer le rôle vital qui est le sien dans le processus de redressement et de renouveau.
Aujourd’hui nous élevons tous nos voix en prière vers Dieu Tout-Puissant pour toutes les victimes de la guerre et des conflits armés. Ici à Mossoul les tragiques conséquences de la guerre et des hostilités ne sont que trop évidentes. Comme il est cruel que ce pays, berceau de civilisations, ait été frappé par une tempête aussi inhumaine, avec d’antiques lieux de culte détruits et des milliers et des milliers de personnes – musulmanes, chrétiennes, les yézidis, qui ont été anéantis cruellement par le terrorisme, et autres – déplacées de force ou tuées !
Aujourd’hui, malgré tout, nous réaffirmons notre conviction que la fraternité est plus forte que le fratricide, que l’espérance est plus forte que la mort, que la paix est plus forte que la guerre. Cette conviction parle d’une voix plus éloquente que celle de la haine et de la violence ; et jamais elle ne pourra être étouffée dans le sang versé par ceux qui pervertissent le nom de Dieu en parcourant des chemins de destruction.
PAROLES INTRODUCTIVES DU SAINT-PERE
Avant de prier pour toutes les victimes de la guerre dans cette ville de Mossoul, en Iraq et dans tout le Moyen Orient, je voudrais partager avec vous ces pensées :
Si Dieu est le Dieu de la vie – et il l’est – il ne nous est pas permis de tuer nos frères en son nom.
Si Dieu est le Dieu de la paix – et il l’est – il ne nous est pas permis de faire la guerre en son nom.
Si Dieu est le Dieu de l’amour – et il l’est – il ne nous est pas permis de haïr nos frères.
Maintenant prions ensemble pour toutes les victimes de la guerre, afin que Dieu Tout Puissant leur accorde la vie éternelle et la paix sans fin, et qu’il les accueille dans ses bras très aimants. Et prions aussi pour nous tous, afin qu’au-delà des appartenances religieuses, nous puissions vivre en harmonie et en paix, conscients qu’aux yeux de Dieu nous sommes tous frères et sœurs.
Dieu très haut, Seigneur du temps et de l’histoire, par amour tu as créé le monde et tu ne cesses jamais de déverser tes bénédictions sur tes créatures. Toi, au-delà de l’océan de la souffrance et de la mort, au-delà des tentations de la violence, de l’injustice et du gain inique, accompagne tes fils et tes filles avec un tendre amour de Père.
Mais nous les hommes, ingrats à l’égard de tes dons et distraits par nos préoccupations et par nos ambitions trop terrestres, nous avons souvent oublié tes desseins de paix et d’harmonie. Nous nous sommes enfermés en nous-mêmes et dans nos intérêts partisans et, indifférents à toi et aux autres, nous avons fermé les portes à la paix. S’est ainsi répété ce que le prophète Jonas avait entendu dire de Ninive : la méchanceté des hommes est montée jusqu’au ciel (cf. Jon 1, 2). Nous n’avons pas élevé des mains pures vers le Ciel (cf.1 Tm 2, 8), mais de la terre est monté une fois encore le cri du sang innocent (cf. Gn 4, 10). Les habitants de Ninive, dans le récit de Jonas, ont écouté la voix de ton prophète et ont trouvé le salut dans la conversion. Nous aussi, Seigneur, alors que nous te confions les nombreuses victimes de la haine de l’homme contre l’homme, nous invoquons ton pardon et nous implorons la grâce de la conversion :
Kyrie eleison ! Kyrie eleison ! Kyrie eleison !
[bref silence]
Seigneur notre Dieu, dans cette ville, deux symboles témoignent du perpétuel désir de l’humanité de se rapprocher de toi : la mosquée Al-Nouri avec son minaret Al Hadba, et l’église Notre Dame de l’horloge. C’est une horloge qui depuis plus de cent ans rappelle aux passants que la vie est brève et que le temps est précieux. Apprend-nous à comprendre que tu nous as confié ton dessein d’amour, de paix et de réconciliation, afin que nous le réalisions dans le temps, au cours du bref passage de notre vie terrestre. Fais-nous comprendre que c’est seulement en le mettant en pratique sans délai, que cette ville et ce pays pourront être reconstruits et que les cœurs déchirés par la douleur pourront être guéris. Aide-nous à ne pas passer notre temps au service de nos intérêts égoïstes, personnels ou de groupe, mais au service de ton dessein d’amour. Et quand nous nous égarons, fais que nous puissions écouter la voix des vrais hommes de Dieu et nous ressaisir à temps, pour ne pas nous laisser ruiner encore par la destruction et la mort.
Nous te confions ceux dont la vie terrestre a été écourtée par la main violente de leurs frères, et nous t’implorons aussi pour tous ceux qui ont fait du mal à leurs frères et à leurs sœurs : qu’ils se repentent, touchés par la puissance de ta miséricorde.
Requiem æternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis.
Requiescant in pace. Amen.
Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana