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OUVERTURE DU CONGRÈS EUCHARISTIQUE INTERNATIONAL 

HOMÉLIE DU SAINT PÈRE JEAN PAUL II

Dimanche 18 juin 2000

 

1. "Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu" (Ep 4, 4).

Un seul corps! C'est sur ces paroles de l'Apôtre Paul que se concentre ce soir de façon particulière notre attention au cours de ces Vêpres solennelles, avec lesquelles nous inaugurons le Congrès eucharistique international. Un seul corps:  la pensée se tourne tout d'abord vers le Corps du Christ, Pain de la vie!

Jésus, né de la Vierge Marie il y a deux mille ans, voulut nous laisser lors de la Dernière Cène son corps et son sang, immolé pour l'humanité tout entière. Autour de l'Eucharistie, sacrement de son amour pour nous, se réunit l'Eglise, son Corps mystique. Voilà:  le Christ et l'Eglise, un seul corps, un unique grand mystère. Mysterium fidei!

2. Ave, verum corpus, natum de Maria Virgine! - Ave, vrai Corps du Christ, né de la Vierge Marie! Né dans la plénitude du temps, né d'une femme, né sujet de la loi (cf. Ga 4, 4).

Au coeur du grand Jubilé et au début de cette semaine dédiée au Congrès eucharistique, nous revenons sur cet événement historique qui a marqué le plein accomplissement de notre salut. Agenouillons-nous comme les pasteurs devant le berceau de Beth-léem; comme les Rois mages venus de l'Orient, adorons le Christ, Sauveur du monde. Comme le vieux Syméon, nous le serrons dans nos bras en bénissant Dieu, car nos yeux ont vu le salut qu'il a préparé devant tous les peuples:  Lumière pour illuminer les nations et gloire du peuple d'Israël (cf. Lc 2, 30-32).

Nous reparcourons les étapes de son existence terrestre jusqu'au Calvaire, jusqu'à la gloire de la résurrection. Au cours des prochains jours, ce sera surtout au Cénacle que nous nous arrêterons en repensant à ce que le Christ Jésus a fait et souffert pour nous.

3. "In supremae nocte cenae... se dat suis manibus". Au cours de la Dernière Cène, en célébrant la Pâque avec ses disciples, le Christ s'est offert lui-même pour nous. Oui, convoquée pour le Congrès eucharistique international, l'Eglise revient au Cénacle au cours de ces journées et elle y reste en adoration pensive. Elle revit le grand mystère de l'Incarnation, en concentrant son regard sur le Sacrement à travers lequel le Christ nous a remis le mémorial de sa Passion:  "Ceci est mon corps, donné pour vous [...] Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous" (Lc 22, 19-20).

Ave, verum corpus [...] vere passum, immolatum!

Nous t'adorons, vrai Corps du Christ, présent dans le Sacrement de la nouvelle et éternelle Alliance, mémorial vivant du sacrifice rédempteur. Toi, Seigneur, tu es le Pain vivant descendu du ciel, qui donne la vie à l'homme! Sur la Croix tu as donné ta chair pour la vie du monde (cf. Jn 6, 51): in cruce pro homine!

Face à un mystère aussi sublime, l'esprit humain s'égare. Mais, réconforté par la grâce divine, il ose répéter avec foi: 
Adoro te devote, latens Deitas,
quae sub his figuris vere latitas.

Je t'adore, ô Dieu caché,
qui sous les espèces saintes
te caches réellement.

4. "Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu" (Ep 4, 4).

Dans ces paroles, que nous venons d'entendre, l'Apôtre Paul parle de l'Eglise, communauté de croyants regroupés ensemble dans l'unité d'un seul corps, animés par le même esprit et soutenus par le partage de la même espérance. Paul pense à la réalité du Corps mystique du Christ, qui dans le Corps eucharistique de Celui-ci trouve son propre centre vital, d'où s'écoule l'énergie de la grâce dans chacun de ses membres.

L'Apôtre affirme:  "Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au Corps du Christ? Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps" (1 Co 10, 16-17). Ainsi nous tous, baptisés, nous devenons membres de ce corps et donc membres les uns des autres (cf. 1 Co 12, 27; Rm 12, 5). Avec une intime reconnaissance nous rendons grâce à Dieu, qui a fait de l'Eucharistie le Sacrement de notre pleine communion avec Lui et avec nos frères.

5. Ce soir, avec les Vêpres solennelles de la Très Sainte Trinité, nous commençons une semaine singulièrement riche, qui verra rassemblés autour de l'Eucharistie des Evêques et des prêtres, des religieux et des laïcs de toutes les parties du monde. Ce sera une expérience de foi extraordinaire et un témoignage éloquent de communion ecclésiale. Je vous salue, chers frères et soeurs, qui prenez part à cet événement jubilaire, dans lequel on peut saisir le coeur de toute l'Année Sainte. Mon salut s'adresse en particulier aux fidèles du diocèse de Rome, notre diocèse, qui, sous la direction du Cardinal-Vicaire et des Evêques auxiliaires, et avec la collaboration du clergé, des religieux et des religieuses, ainsi que de nombreux laïcs généreux, a préparé le Congrès eucharistique sous ses divers aspects. Le diocèse se dispose à en assurer le déroulement ordonné au cours des jours suivants, conscient de l'honneur que constitue le fait d'accueillir cet événement central du grand Jubilé.

Je désire également adresser un salut particulier aux nombreuses Confréries réunies à Rome pour un significatif "Chemin de fraternité". Leur présence, rendue plus suggestive par les Croix artistiques et par les précieuses représentations sacrées transportées ici sur de majestueuses "machines", constitue le digne cadre de la célébration eucharistique qui nous a rassemblés ici.

Vers cette place convergent les esprits et les coeurs de nombreux fidèles présents dans le monde. J'invite chacun, personnes croyantes et communautés ecclésiales de tous les lieux de la terre, à partager avec nous ces moments de haute spiritualité eucharistique. Je demande en particulier aux enfants et aux malades, ainsi qu'aux communautés contemplatives, d'offrir leur prière pour une réussite heureuse et fructueuse de cette rencontre eucharistique mondiale.

6. Du Congrès eucharistique nous parvient l'invitation à renouveler notre foi dans la présence réelle du Christ dans le sacrement de l'Autel:  Ave, verum corpus!

Dans le même temps nous parvient l'appel urgent à la réconciliation et à l'unité de tous les croyants:  "Un seul corps... une seule foi, un seul baptême"! Des divisions et des contrastes déchirent encore, malheureusement, le corps du Christ et empêchent les chrétiens de diverses confessions de partager l'unique Pain eucharistique. C'est pourquoi, tous unis, nous invoquons la force restauratrice de la miséricorde divine, surabondante en cette Année jubilaire.

Et Toi, ô Christ, unique Chef et Sauveur, attire à Toi tous tes membres. Unis-les et transforme-les dans ton amour, car l'Eglise resplendit de cette beauté surnaturelle qui resplendit chez les saints de chaque époque et nation, chez les martyrs et les confesseurs, chez les vierges et les innombrables témoins de l'Evangile!

O Iesu dulcis, o Iesu pie,
o Iesu, fili Mariae!
Amen.



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